La semaine dernière, à l’occasion de la fête de Saint Venceslas, patron de la Bohême (et jour férié du coup !), j’ai écrit une série de posts sur les réseaux sociaux, où je racontais sa vie de manière simple et humoristique (enfin, moi je trouvais ça drôle, mais si cela ne vous amuse pas, j’écris aussi des articles sérieux, comme celui-ci ou celui-là ! ). On m’a suggéré d’en faire un article sur ce blog, pour que vous puissiez retrouver toute cette histoire de A à Z. La voici donc, réadaptée au format blog ! Bonne lecture !

Saint Venceslas, peinture sur bois, Couvent Ste Agnès, Un Tour à Prague
Quand on sait (Attention spolier) que Venceslas est mort à 23 ans, on se dit que le peintre ne devait pas beaucoup l’aimer, pour lui tirer un portrait avec une tête de cinquantenaire !

Chapitre 1 : païens, chrétiens et prénoms étranges

Petit Saint Venceslas avec sa grand-mère Sainte Ludmila

Né au tout début du Xè siècle, Saint Venceslas était un Duc de Bohême, et ses histoires de famille sont un peu compliquées.

Fils de Vratislav, un prince chrétien et petit-fils de Sainte Ludmila (oui, dans la famille, on vise les autels et les vitraux), sa mère, Drahomira, est païenne, et pas hyper fan de christianisme. Le petit frère de Venceslas, Boleslav, a plutôt pris de sa chère maman de ce point de vue-là.

Donc si on récapitule, on a le club des chrétiens, avec Ludmila, Vrastislav et Venceslas, et le club des païens, avec Drahomira et Boleslav.

Quand Vratislav meurt, Venceslas n’a que 15 ans et ne peut donc pas monter sur le trône. C’est donc Drahomira qui prend la régence, et qui commence à pas mal réprimer les chrétiens. Et quand je dis « pas mal », en fait c’est une litote : Venceslas doit se cacher de sa mère pour se rendre à la messe. Du coup, le jeune prince se réfugie chez sa grand-mère, pour pouvoir prier tranquillement.

sainte ludmila, couvent Ste Agnès, Prague

Manque de bol, Drahomira fait assassiner Ludmila : elle est étranglée par des mercenaires avec sa propre écharpe. Venceslas se retrouve donc sans protection, menacé par sa propre mère et par son frère, dans un pays en pleine crise. En effet, sous la régence de Drahomira, la Bohême est est la cible de razzias organisées par le duc de Bavière, aka « le voisin envahissant » (mais son vrai prénom, c’est Arnulf. Sans doute la raison de son besoin de vengeance).

Bref, bonne ambiance en Bohême…

Chapitre 2 : on peut pas plaire à tout le monde

À sa majorité, Venceslas reprend les choses en main : déjà, il envoie sa mère en exil pendant 3 ans. Pas très très sympa de sa part, mais cela lui laisse les mains libres pour asseoir son pouvoir et installer la religion chrétienne dans le duché de Bohême.

Statue équestre de Saint Venceslas et Musée National, Prague.

Venceslas n’était peut-être pas un bon fils, mais il semble qu’il était un bon roi. Par exemple, il opère des changements dans le système judiciaire, de manière à réduire l’usage de la torture et de la peine de mort. Au Xè siècle, c’était assez moderne, il faut bien dire ce qui est ! Venceslas était un prince pacifiste et bienveillant, proche de son peuple et attentif à ses besoins.

Saint Venceslas, Peinture sur bois, Couvent Ste Agnès, Un Tour à Prague

Sauf que son pacifisme, ça ne plaît pas à tout le monde… et notamment à son frère, Boleslav ! Ainsi, quand Venceslas décide de ne pas entrer en guerre contre la Germanie (décidément, les voisins envahissants, ça devient une tradition !) et préfère payer un lourd tribut annuel en échange d’un pacte de non-agression, Boleslav est furieux.

En effet, il prend ça comme une humiliation, là où son frère voit ça comme un moyen comme un autre d’éviter la guerre. Sauf qu’on est à une époque où on ne voit pas trop l’intérêt d’éviter la guerre… alors Boleslav décide de régler le problème à sa façon.

Rappelons ici que Boleslav est païen. Donc les idées comme « Tu ne tueras point » ou « aime ton prochain comme toi-même » ça lui en touche une sans faire bouger l’autre ne sont pas vraiment dans son registre. Pour ne rien arranger, il est très jaloux de son frère, dont il brigue la couronne.

Classique, me direz-vous…

Chapitre 3 : 4 naissances et 1 enterrement

Saint Venceslas, musée ste Agnès, Un Tour à Prague

Du coup, Boleslav invite Venceslas pour une petite fête, chez lui à Stará-Boleslav, pour célébrer la naissance de son 4ème enfant. Venceslas arrive tranquillement, désarmé (forcément, il vient pour une réunion de famille, et en plus il est pacifiste, donc il a pas prévu l’armure…), et là, il est attaqué par son frère !

Boleslav est venu avec des copains qui, comme lui, trouvaient Venceslas un peu trop gentil. (Or, gentil, c’est pas un métier, comme chacun sait). Bref, le gentil souverain se retrouve seul et désarmé face à une bande de vilains chevaliers super remontés et armés jusqu’aux dents. Et en plus, il refuse de se défendre. Il ne veut pas être fratricide. (Parce que oui, c’était pas un super bon fils, mais c’était un bon frère, visiblement. Compliquée, cette famille).

Saint Venceslas, Colonne de la Peste, U Toour à Prague, Visites guidée en français

Ainsi, le jeune Duc de Bohême meurt sur les marches de l’église de Stará Boleslav, à l’âge de 23 ans. RIP petit ange parti trop tôt.

Boleslav a donc ce qu’il voulait, c’est à dire le trône de Bohême, sur lequel il monte sous le nom de Boleslav Ier. Son petit surnom sera « le Cruel », cela ne vous étonnera pas…

Mais quelques années plus tard, Boleslav est pris de remords. Il se rend compte que c’était pas hyper approprié comme réaction, que peut-être un peu de communication non-violente aurait été plus efficace pour régler ses différends avec son frère… Bref, il fait rapatrier le corps de Venceslas à Prague, et l’enterre dans la chapelle Saint-Guy fondée par son frère, qui deviendra plus tard la cathédrale de Prague.

On pourrait presque appeler ça une Happy End !

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