En France, on a Notre-Dame de Lourdes ; en République tchèque on a Jésus himself.

Le mois dernier, j’ai eu des clients qui étaient à Prague en pèlerinage auprès de la statuette miraculeuse du Petit-Jésus de Prague. Ça m’a donné l’idée de vous parler de cette dévotion ancienne, de la statue trop mignonne de Jésus, de ses miracles, et de sa garde robe incroyable.

Le Petit Jésus de Prague : ça vient d’où, déjà, cette affaire ?

Ça vient d’Espagne. Au XVIIè siècle, l’infante Marie d’Espagne épouse Maximilien II du Saint-Empire, roi de Bohême (entre autres), et débarque à Prague avec toute sa suite. Parmi elle, sa dame d’honneur, Maria Manrique de Lara apporte dans ses bagages cette statuette en cire du petit Jésus, qui aurait été réalisée par un vieil ermite à la suite d’une vision. Plus tard, sa fille en fait don aux Carmes, dont le monastère est à Malá Strana, proche du château.

C’est comme ça que la statue de l’Enfant-Jésus tombe dans le domaine public.

Des hauts et des bas

Église Notre-Dame de la Victoire Petit-Jésus de Prague Enfant-Jésus de Prague

Les Carmes sont bien contents d’avoir cette statue, mais à une époque où la dévotion est davantage orientée vers le Christ souffrant (le jansénisme, tout ça, vous avez du apprendre ça au lycée), ce n’est pas trop dans l’air du temps.

Qu’à cela ne tienne : ils décident de lancer la vénération de Jésus Enfant, et d’approfondir la spiritualité dans ce sens-là. Ça marche plutôt bien, et leur église Notre-Dame de la Victoire devient le centre de ce culte, jusqu’à ce qu’éclate la guerre de Trente Ans.

Jésus fait des miracles (sans blague???)

petit jésus de prague miracles

Les guerres de religion ont fait quelques ravages en pays tchèque, c’est rien de le dire. Néanmoins, il semble que l’Enfant-Jésus a pris deux ou trois choses en main (vous allez comprendre la vanne bientôt). L’église Notre Dame de la Victoire est mise à sac par les protestants et laissée en quasi-ruine. Mais la statue est retrouvé intacte, à l’exception de ses mains (ça y est vous l’avez?). La légende raconte qu’il promit à un moine que, si on lui rendait ses mains, il s’en servirait pour faire tout un tas de miracle. Et c’est ce qu’il fit. Jusqu’à ce que monte sur le trône l’empereur Joseph II.

Jojo pas rigolo

L’ami Joseph n’est pas hyper féru de religion : il trouve l’Église catholique un peu trop puissante, et il n’aime pas des masses qu’on lui fasse de l’ombre. Par ailleurs, c’est quelqu’un qui préfère la guerre aux beaux arts et à la spiritualité.

Le 12 novembre 1781, l’Empereur publie un décret annonçant la fermeture de tous les monastères contemplatifs de l’Empire. Seules les congrégations exerçant une œuvre de charité (accueil des pauvres, hôpitaux…) ou d’éducation sont autorisées à continuer d’exister. Celles qui servent à quelque chose du point de vue pragmatique de Joseph II, en bref. Ainsi, plus de 700 monastères sont dissous, et 36 000 moines sont forcés de quitter leur couvent.

Du coup, exit les Carmes, et leur église est transformée… en gymnase !

Le renouveau – Le petit Jésus de Prague

À la fin du XIXè siècle, l’archevêque de Prague relance le pèlerinage, qui redémarre très bien : le culte de l’Enfant-Jésus s’exporte dans le monde entier, et en particulier en Amérique du Sud. Guérisons, vies épargnées pendant la guerre… Le petit Jésus de Prague est efficace comme tout !

Petit Jésus de Prague

Bam, le communisme

Les communistes, on le sait, n’apprécient pas trop la religion, et le culte est prié d’être celui de la personnalité des dirigeants du régime. Pas Jésus, donc. Même s’il est mignon tout plein. La dévotion à l’Enfant-Jésus est donc interdite, et avec le rideau de fer, les étrangers ne peuvent pas venir en pèlerinage. La statuette miraculeuse tombe alors dans l’oubli, et est même volée. On la retrouve (miraculeusement?) sur la colline de Petřin, juste à côté du couvent.

Le re-renouveau – Le petit Jésus de Prague

Église des Carmes Petit Jésus de Prague

Après la chute du communisme, les Tchèques ont un peu oublié le petit Jésus. Mais en Amérique du Sud, on a continué à le vénérer ! Alors quand le rideau de fer tombe, les catholiques de ces pays accourent en masse en pèlerinage. Ce sont eux qui ont relancé la dévotion à la statuette miraculeuse. Depuis lors, les croyants viennent en pèlerinage demander des grâces ou des miracles. Jésus semble en exaucer un certain nombre, au vu de la quantité d’ex-voto fixés au mur de l’église !

Le petit Jésus de Prague est une fashionista

Le truc un peu marrant, avec cette statue, c’est qu’elle a une garde-robe exceptionnelle, de plus de 100 robes de différentes couleurs et diverses origines, plusieurs couronnes d’or, que l’on lui change régulièrement.

À chaque période de la liturgie catholique correspond une couleur, et Jésus est habillé selon ces codes très précis ! Par exemple, pendant la Carême, la couleur officielle est le violet, pour les jours de fête comme Noël ou Pâques, c’est le blanc, etc. La statuette « possède » des robes de chacune de ces couleurs, toutes plus belles et ornées les unes que les autres. Beaucoup d’entre elles ont été offertes au fil des siècles par des personnalités, des évêques ou de simples fidèles.

Certaines sont exposées dans un petit musée attenant à l’église. On y voit notamment celle qui a été offerte par l’impératrice Marie-Thérèse, la mère de Marie-Antoinette et de … Joseph II ! Mais aussi une robe offerte par l’auteur brésilien Paulo Coehlo et son épouse, un kimono taille bébé préma (la statue mesure 48 cm) offert par une délégation coréenne…

C’est vraiment une visite insolite à faire : ça brille partout, c’est fin, et c’est gratuit !

Alors, connaissiez-vous cette histoire ? Aviez-vous déjà entendu parlé du petit Jésus de Prague ?

Je vous emmène visiter l’église des Carmes et voir le Petit Jésus de Prague au cours de la visite de Malá Strana. Je dis ça en passant ! 😉

À bientôt pour un Tour à Prague !

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