Une petite page d’histoire pour commencer ce mois de mai, ça vous dit ? Comme toujours, je vais tâcher de rendre cela accessible et intéressant, promis ! Et aujourd’hui, je vais vous parler d’un événement qui a eu un impact très fort et des conséquence très lourde pour la Tchécoslovaquie au XXè siècle. On va croiser pas mal de communistes, mais aussi des artistes et des dissidents… Comme c’est le printemps, et qu’on est ici pour parler de Prague, je vous propose de vous expliquer ce qu’est le « Printemps de Prague » (et je ne parle pas ici du festival de musique classique du même nom !).

Avant le Printemps de Prague : des chapeaux gris et des bottes à fermeture-éclair

Après une période économique faste dans les années 1950, c’est la dégringolade : malgré des infrastructures développées, notamment dans l’industrie, la production stagne, et le secteur agricole peine à se développer et à se moderniser. Malgré une tentative de réforme économique, le pays reste très en retard en termes de développement industriel et agricole, et la population s’appauvrit.

La Tchécoslovaquie est alors véritablement dans un régime dictatorial. Parti unique, répression des opposants politiques par la police d’État, culte de la personnalité, censure des artistes et des écrivains… On a à l’époque en Tchécoslovaquie tous les ingrédients pour une bonne petite dictature. Et ce n’est pas OSS117 qui dira le contraire…

Pas contents, pas contents !

C’est dans ce contexte que se crée petit à petit un mouvement de dissidence parmi les écrivains et intellectuels. On retrouve notamment dans les rangs de ces dissidents l’écrivain Milan Kundera. Ces intellectuels dénoncent dans leur gazettela nature totalitaire du régime, et réclament la fin de la censure littéraire, et la liberté de la presse. À cette époque, un certain nombre d’auteurs sont en effet interdits, à l’instar de Franz Kafka, pourtant un monument de la littérature nationale.

(source image : Milan Kundera — Wikimedia commons, Elisa Cabot)

Le printemps de Prague : nouveau look pour un nouveau communisme

Alexander Dubcek, Printemps de Prague, Un Tour à Prague, Visite guidée, guide francophone
Source : wikimedia commons — Fortepan — ID 138487 — Adományozó/Donor: Szalay Zoltán.

C’est alors que, le 5 janvier 1968, Alexander Dubcek arrive à la tête du Parti Communiste Tchécoslovaque. Communiste convaincu, il est tout de même assez réformateur, et tend à s’éloigner de la ligne imposée par Moscou. Son rêve : instaurer en Tchécoslovaquie ce qu’il appelle « le socialisme à visage humain ».

Le principe est simple : plus de liberté, moins de dictature, mais en restant quand même communistes -faudrait pas pousser le bouchon dans les orties, non plus.

Ainsi, le Parti Communiste ouvre la place à différents courants de pensée, tout en restant parti unique ; la toute-puissance de la Police secrète et des services de renseignements est largement restreinte (plus d’écoutes aléatoires, de surveillance de masse, d’ouverture du courrier…) ; les Tchécoslovaques retrouvent le droit de se déplacer sans visas (jusqu’à présent nécessaires pour déménager, changer d’emploi, voyager, etc.). Et pour couronner le tout, la sphère culturelle reprend ses droits : les écrivains et journalistes peuvent de nouveau écrire sans craindre la censure : la liberté d’expression et d’opinion sont de retour en Tchécoslovaquie.

C’est la fin du totalitarisme dans le pays.

Martine Brejnev s’occupe de ses affaires

Au départ, Moscou ne s’en inquiète pas des masses : Prague n’envisageait pas de quitter le « bloc de l’Est », et Brejnev, à la tête de l’URSS à l’époque, considérait ces réformes comme des « affaires intérieures » de la Tchécoslovaquie. Aussi n’intervient-il pas, et laisse Prague gérer ses affaires à sa façon.

Fin de l’histoire ?

Non, bien entendu.

L’écrasement du printemps de Prague

TOUJOURS lire les petites lignes en bas du contrat

À un moment donné, quand même, Brejnev commence à s’inquiéter un peu de la tournure des événements, et invite convoque les dirigeants tchécoslovaques à une conférence de négociations destinée à rappeler qui est le chef (spoiler : c’est Moscou). Quelques semaines plus tard, nouvelle conférence, à l’issue de laquelle les représentants des différents « pays satellites » de l’URSS signent un déclaration commune de fidélité au marxisme-léninisme. Mais dans les petites lignes tout en bas de la page, Moscou se donne la possibilité d’intervenir directement dans les « démocraties populaires » si un risque de pluralité politique et de reprise de pouvoir de la bourgeoisie capitaliste venait à émerger.

(source image : Leonid Brejnev, Staatshoofden, portretten, Bestanddeelnr 925-6564.jpg)

Ces petites lignes sont très importantes, car ce sont elles qui vont justifier les événements qui arrivent ensuite.

Allô Moscou, on a un problème

C’est ainsi qu’en août 1968, après seulement quelques mois, la frange la plus radicale des communistes tchécoslovaques invitent l’URSS à intervenir : la doctrine de Dubcek laisse un peu trop la place aux libertés, et c’est, selon eux, la porte ouverte à toutes les fenêtres du capitalisme.

La nuit du 20 au 21 août 1968, les chars du Pacte de Varsovie ( c’est-à-dire, les Alliés, mais version bloc de l’Est : URSS, Hongrie, Pologne, Bulgarie et RDA) envahissent la Tchécoslovaquie pour rétablir le communisme-à-visage-pas-humain.

Printemps de Prague — Domaine public via Wikimedia Commons

Les Tchèques tentent de se soulever, et de défendre leur pays face à cette invasion, mais en vain : les chars sont plus forts que les citoyens désarmés.

Prague tombe rapidement, et c’est la fin du Printemps de Prague.

Le retour de la dictature

La Tchécoslovaquie retourne donc en arrière : la dictature reprend ses droits, et ceux des citoyens sont largement réduits. Commence la période de la « normalisation » : la vie des Tchèques et des Slovaques est standardisée, tout est sous contrôle de Moscou. Le pouvoir en place se durcit ; on restreint drastiquement les libertés collectives et individuelles.

C’est dans ce contexte que l’étudiant Jan Palach s’immole par le feu sur la Place Venceslas, pour protester contre ce carcan soviétique… Mais cela est une autre histoire, que je vous raconterai une autre fois !

Source image : Jan Palach — Domaine public, via Wikimedia Commons

C’est ainsi que finit le Printemps de Prague. J’espère vous avoir appris quelque chose aujourd’hui, et que vous avez apprécié ces explications ! N’hésitez pas à partager cet article autour de vous s’il vous a plu ! 🙂

Author

1 comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *